• Chapitre 2 : The silence…

                                          Chapitre II : The silence…

     

    D’un coup les sentiments remontèrent et les larmes aussi…

     

    Nous marchâmes une demi-journée à l’ombre des grands saules sur le sentier longeant la plage. Le doux bruit apaisant des vagues s’écrasant sur le sable nous accompagnât sans  cesse. C’était un spectacle incroyable. Le soleil répandant ses légers rayons de Printemps illuminant la mer couleur azur, nous éblouissant les yeux. Une légère brise réduisait la chaleur écrasante de l’Etoile Brulante, et un courant marin s’élevait jusque nos narines. Une belle journée s’annonçait.

    Le sol était ferme et sec à cause de l’Astre rayonnant et chaud. Cela soulageait mes petits coussinets endoloris par la bataille d’hier. Nos corps étaient fatigués. Sans aucun souvenir de la bataille, celle-ci avait dû être des plus rudes pourtant. Ma tête était encore lourde et aucun souvenir ne m’était apparu jusque là. Ouf. Je ne voulais même pas m’imaginer m’évanouissant au milieu de mes camarades et devant expliquer, une dizaine de minutes plus tard, pourquoi j’avais tourné de l’œil. Il ne valait mieux pas y penser. J’en frémissais rien qu’à l’idée.

    Le Soleil était à son zénith, il devait être dans les coups de midi. Nous passions juste à côté de plusieurs arbustes à baies. Des baies Pêchas, Orans et Marrons. Tout cela me m’était l’eau à la bouche, et j’étais fatiguée. J’esquissais un regard furtif sur mes camarades et je vis qu’eux aussi fatiguaient. Soit, je déclarai :

    -Faisons une halte ici, mes amis. Nous avons bien marché et je vois bien dans vos regards que vous êtes fatigués. Mangeons tranquillement et reposons nous. Nous repartirons dans une heure. Ne vous éloigniez pas trop, c’est tout ce que je vous demande.

    A peine avais-je fini que mes compagnons se posèrent tous en même temps près du buffet, sauf Fly qui vient s’asseoir près de moi, à quelques pas de là.

    -Viens manger, me dit Fly avec un clin d’œil, cela te fera du bien !

    -Oui, tout de suite, j’arrive, soupirais-je. Je te rejoins.

    Fly commença à se tourner vers nos amis puis fit une pause. Elle me regarda un instant et vit dans mon regard que j’arriverais quand je l’aurai décidé. Fly me connaît bien et me comprend mieux que personne. Elle savait que dans certains moments, il fallait que je sois seule… et en voilà un.

    -Très bien, je t’attendrais là-bas, chuchota-t-elle en me désignant de sa patte une place libre au pied d’un arbre. A tout de suite.

    Pour seule réponse je soupirai. Et mon regard vagabonda d’un de nos amis à l’autre. En voyant chacun d’eux, tour à tour, je pensais à leur arrivée dans le clan. Le clan…, une larme me coula sur la joue. Je la balayai vite de la patte, de peur que quelqu’un la vit.

    Je pensais de nouveau au souvenir que j’avais eu. A cette idée j’eu la nausée, ma vision devint saccadée de noir, et je me tenais difficilement sur mes pattes mais assez fermement. Du moins je l’espérais, je ne pensais plus qu’à deux choses. Ne pas m’écrouler et réussir à me souvenir de la journée précédente.

    Tout se brouilla autour de moi, mais je ne bougeais pas.

    Ma vue diminua et mes amis laissèrent la place à du sang et de la fumée…

    Du feu volait partout, la pluie torrentielle s’abattait sur le sol et la foudre rayait le ciel. Des attaques fusaient de partout, des corps gisaient ici et là et certains tombaient. J’entendais des explosions de toutes parts et des cris étouffés, mais je ne comprenais rien.

    Je me battais contre Haydaim et comme ce matin j’étais en mauvaise posture. Je vis son regard poser sur moi, plein de tristesse et de pardon. Je ne comprenais pas pourquoi. Je le vis bouger les lèvres, mais n’entendis rien du tout. Son expression changea et il ferma les yeux.

    Rapidement tout se déchira, je sentis des papillons dans mon ventre et le sol s’arracha sous mes pieds.

     

    J’ouvris de nouveau les yeux, tout était net, rien ne bougeait. Le sol était bien sous mes pieds. Personne ne s’était rendu compte de rien, visiblement. Tout le monde mangeait encore et Fly m’attendait toujours tranquillement. Combien de temps cela avait-il duré ? Trente secondes ? Deux minutes ? Peu de temps en tout cas, sinon Fly serait déjà à côté de moi.

    La sensation de mal être ne s’était toujours pas estompée. Je m’attendais d’un seconde à l’autre à voir à nouveau un épisode de la bataille mais au de quelques instants, elle disparut. Je décidais donc de retrouver Fly.

    -Coucou, toi, me dit-elle doucement en me tendant une baie Oran.

    -Coucou. Tu m’attends depuis longtemps ? demandais-je sans réfléchir.

    Zut ! Je suis bête ou quoi ?

    -Euh… non, cinq minutes tout au plus, pourquoi ?

    Misère.

    -Euh, pour rien, j’ai du… m’assoupir à cause du soleil, et voilà, bégayais-je.

    -Ah, je le savais ! A ta tête, cela se voyait, ria-t-elle en me faisant un clin d’œil. Après on va faire un petit tour ?

    -Oui, si tu veux, dis-je tout sourire.

    Nous mangeâmes jusque plus faim.

    -Je suis repue ! souffla-t-elle.

    J’acquiesçais de la tête, moi aussi, je ne pouvais plus rien avaler.

    Elle se leva et me glissa à l’oreille :

    -Viens. On va faire notre petit tour.

    Après un rapide coup d’œil à nos amis qui se reposaient à présent, je me levai rapidement. Nous avions encore une dizaine de minutes devant nous pour digérer et discuter.

    Sans savoir pourquoi je souriais, Fly également. A sa tête, je crus que ce n’était pas pour la même chose. Une seconde plus tard, elle m’adressa un grand sourire et nous commençâmes à marcher.

     

    Au bout de quelques secondes Fly commença à me poser des questions. Je répondais simplement par oui ou par non, sans explications.

    Après quelques demandes, elle me questionna sur mes malaises. Me dit qu’elle avait comprit, que même si je ne m’étais pas étalée de ton mon long, il s’était produit quelque chose. Je bredouillai des paroles incompréhensibles, bégayai légèrement.

    Quelle perspicacité. Devais-je lui dire ? S’il y avait une personne à qui je pouvais me confier, c’était bien Fly. J’hésitais un long moment et fermai les yeux. Remuant tous ces souvenirs, visions ou je ne sais quoi. Chaque détail m’explosait en tête. J’essayai de ne pas le montrer mais peine perdue.

    -Allez, M. Dis moi ce qui ne vas pas ! enchérit-elle pressée par le temps qui nous manquait.

    Il ne restait que quelques minuscules minutes pour tout lui dire.

    Enfin si je lui dis.

     De toutes les manières il fallait que j’en parle. Je voulais quelqu’un qui m’aide à comprendre, à déchiffrer tout ça. C’est partit, je lui dis tout. En espérant qu’elle puisse m’aider.

    -Alors, je vais aller vite. Tu te souviens ce matin ? Quand nous sommes aller voir ce qu’il restait de la bataille.

    -Oui, et ?

    -Et bien, en voyant Haydaim, puis Pifeuil, je me suis évanouie. Tu te souviens ?

    -Oui, pourquoi tu t’es évanouie, comme ça ?

    Sans l’écouter, je repris :

    -Et avant de te rejoindre, tu m’as dis que tu m’avais vu mal et que je n’étais pas loin de tomber.

    -Oui, mais accouche à la fin !

    Une fois de plus je l’ignorais et dis :

    -Je ne sais pas pourquoi, mais je vois des sortes de souvenirs ou des visions de la bataille mais tout est trouble, vague, très lointain. Je suis moi et j’exécute les faits et gestes que j’ai dû faire hier. C’est toujours très court puis tout devient sombre, je perd connaissance et je me réveille quelques minutes après. Je ne voulais pas que tu le sache parce que je pensais que tu me prendrais pour une folle, mais bon.

    Je me pinçai les lèvres, n’osant plus rien dire ni faire. Je ne bougeai plus et la regardai, attendant sa réaction. Je guettai un sourire, un rire de sa part, même qu’elle se plie de rire, mais rien de tout ça. Je ne déchiffrai pas son expression. J’attendais qu’elle parle. Visiblement elle digérait toutes les informations.

    J’en profitais pour continuer :

    -Voilà pourquoi tout à l’heure je devais, sûrement, beaucoup trembler. J’essayai de ne pas m’étaler par terre. Je ne voulais pas que les autres soit au courant. On a vécu assez de chose comme ça.

    -Mais c’est à cause de ça, justement, dit-elle enfin, que tu as ces… souvenirs. Je ne te prends pas pour une folle. Tu as raison, il est préférable que les autres ne l’apprenne pas. Tu aurais dû m’en parler plus tôt ! J’aurai compris, même si je ne peux pas vraiment me mettre à ta place.

    -Non, tu ne peux pas vraiment te mettre à ma place.

    Deux secondes passèrent et j’ajoutai rapidement :

    -Tu aurais compris, c’est vrai ?

    -Oui, me rassura-t-elle. J’en ai entendue des plus incroyables !

    -Du style ? répondis-je au tac au tac, sans réfléchir.

    -Du style le vieux Mr.Mime qui se prenait pour une Comtesse, le lundi, lâcha-t-elle en se retenant de pouffer alors que moi non, pour un Crabby le mardi, et même pour un Roucarnage ! Une fois, pour me le prouver, disait-il, il a essayé de sauter de la corniche !

    Il y eu un blanc, nous nous regardâmes et explosâmes de rire. Je m’imaginais très bien le vieux Mr.Mime essayant de sauter de la corniche, cela devait être vraiment comique. Mon rire m’arracha une larme et à elle aussi.

    -Plus sérieusement, reprit-elle en s’éclaircissant la voix, tu aurais dû me le dire.

    -Je le sais, maintenant.

    -Maintenant je veux que tu me préviennes d ès que tu te sens mal, c’est clair ? Et puis, reste à côté de moi, pas plus de cinq mètres.

    -Ok, mais je suis pas en prison non plus.

    -Tu sais que je serais capable de t’en faire construire une, me dit-elle avec un sourire malicieux et l’œil brillant.

    -Oh, oui ! m’exclamais-je en riant de nouveau.

    Fly ne mit pas longtemps avant de me rejoindre, pour partir dans un rire collectif.

    Nous mîmes quelques secondes à nous arrêter tout à fait. Après un silence, Fly me dit :

    -Et si on doit se battre. Hein ? Comment tu feras ?

    -Je n’en sais rien… Nous verrons ça au moment voulu, non ?

    -Et si au moment voulu, répéta-t-elle en m’imitant, tu t’évanouie. Moi je dis quoi aux autres ? Et je suis censée te défendre, toi couchée par terre, tout en attaquant nos ennemis ?

    -Bah, oui, éludais-je rapidement avec un grand sourire, tout en savant qu’elle aussi se rendait à l’évidence.

    -« Bah, oui » ! « Bah, oui » ! Je vais t’en faire manger des « Bah, oui », moi ! dit-elle en s’élançant sur moi.

    Je sautais instinctivement un peu plus loin et nous commençâmes une course poursuite tout en ricanant et braillant jusqu’à nos amis qui nous attendaient. Ils nous regardèrent surpris. Tous ces regards me rendirent rouge pivoine et je vis, en jetant un coup d’œil en arrière, que Fly était encore plus rouge que moi, à cause de son teint orangé naturel, qui n’aidait pas à cacher sa gêne.

    A ce spectacle, ils rirent de bon cœur, tandis que nous, nous avancions dignement et commençâmes à changer de sujet en espérant pouvoir passer à autre chose. Mais rien n’y fit, ils continuèrent de s’esclaffer.

    Fly et moi nous regardâmes. Nos couleurs n’avaient pas totalement disparues et nous rîmes avec eux, se rendant à l’évidence, nous étions drôles à voir.

    Je m’approchai d’elle et discrètement, lui glissai à l’oreille avec un large sourire :

    -Décidément, on aura bien rit.

    -Oh, ça oui, tu peux le dire, me répondit-elle tout aussi doucement.

    Pus d’un même mouvement, nous nous retournâmes vers nos amis et continuâmes à rire. Rire nous mettait du baume au cœur, nous soulageait des événements de la veille.

    La fatigue avait disparue et les dernières courbatures également.

    Les minutes passèrent avant que chacun se calme totalement.

    Sans nous en rendre compte, nous nous étions disposés en cercle. Je regardais chacun d’eux et leur franc sourire. D’un seul hochement de tête général, nous reprîmes la route, toujours en longeant la corniche et en direction du nord.

     

    C’était dans la bonne humeur générale que nous foulions de nouveau le sentier. Tous les autres étaient au devant de nous, Fly et moi. Par petit groupe, un de deux et deux de trois Pokémon.

    Ce début d’après-midi était radieux et l’air se réchauffait de plus en plus. Le vent commençait à tomber. Les arbres avaient arrêté de danser, les oiseaux restaient sur leur branche ou dans leur nid, plus un son extérieur ne parvenait à nos oreilles. Cela ne présageait rien de bon.

    Mais les braillements de nos compagnons les empêchaient de s’en rendre compte, mais Fly et moi l’avions sentit. Mais comme tout était tranquille nous n’en faisions part aux autres.

    Plus le temps passait, et plus je me disais que ce n’était qu’une impression. Mon regard se plaqua automatiquement sur le sol et mes pattes, quand  je failli trébucher. A droite, à gauche… Ouf, personne ne m’a vue !

    -Tu aurais pu te vautrer, quand même, je me serais à nouveau esclaffée, comme tout à l’heure, me glissa Fly ironiquement.

    -Chut, soufflais-je sèchement. Toi aussi tu aurais pu tom…

    Je trébuchais sur un caillou, et cette fois tombais dans un grand bruit sourd. Tout le monde se retourna sur moi et ria à ma vue.

    -Aïe ! m’écriais-je.

    -Non, je n’aurais pas pu tomber, moi, me dit Fly, entre deux hoquets de rire. On dirait que c’est un privilège qui t’est réservé ! ria-t-elle de plus belle.

    La tête dans la terre, je ne pus m’empêcher de pouffer aussi. Je me relevai rapidement et m’épousseta de façon à être quelque peu plus présentable. Maintenant, à chacun de mes pas je traquai le moindre petit gravillon susceptible de me faire goûter de nouveau à la terre.

    Je posai précautionneusement la patte et le sol se fendit sous ma patte, des ombres sautèrent partout, l’air devint étouffant et je me retrouvai seule avec Fly, séparée des autres par ce trou béant infranchissable.

    Soudain je me rappelais le silence. Le silence.


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