• Synopsis :

     

    Après une soudaine bataille dont le clan de M, Eien, un clan redouté par sa puissance, ne se souvient pas, ils décident de partir à la recherche du commanditaire de l’attaque et de venger leurs amis morts au combat. Ils partent à la recherche d’un ennemi commun dont ils ne connaissent rien… du moins, ils le pensent…

    Retrouver M, ses amis et frères d’armes dans une quête incroyable à la recherche de la cause de leur malheur. Que vont-ils trouver à l’amont de toute cette affaire ? Que ce passe-t-il réellement dans cette région ?

    Vous le saurez en suivant les aventures de ce clan au cœur de la tourmente !

    Bonne lecture, et n’hésitez pas, toutes critiques sont bonnes à prendre.

     

    Prologue : Where it all switched…

     

    Le clan auquel j’appartiens et duquel je suis le chef s’appelle Eien, ce qui signifie l’Eternité. Nous sommes une cinquantaine de membre, en totale entente. Aucune brouille n’éclate jamais dans nos rangs, nous sommes soudés et unis comme un seul Pokémon. A peut-être trois exceptions près nous sommes tous d’espèces différentes.

    Il y a bien des gens qui spéculent sur notre nom. Mais leurs points de vie ploient bien vite sous l’ampleur de nos attaques. En général, nous ne cherchons pas les batailles ou autres guerres. Mais il arrive parfois qu’il faille nous battre. Critiquer notre nom et nous serons sans pitié. Insultez notre clan, et notre puissance se déchaînera sur vous et les membres de votre clan. Ridiculisez notre nom, et le votre disparaîtra de l’histoire.

    Mais, en contre partie, nous pouvons être clément, de bonne entente et de bon allié. Enfin, il vaut mieux pour vous. Nombre de clan sont nos amis, mais nombreux sont ceux qui ont essayé de nous berner. Ils sont poussière à présent.

    Je me souviens des grands banquets et autres réceptions qui se déroulaient en nos terres. La visite de nos amis, de clan plus ou moins éloignés, était toujours un bonheur et un savoureux plaisir. Lorsque l’on nous connaît mieux, on peut voir que nous avons bon cœur. Chacun d’eux le savait. Et nous aussi  nous percevions au plus profond d’eux, nous les connaissions vraiment. C’est pour cela que nous leur offrions notre amitié.

    Notre dernier banquet était organisé pour recevoir nos amis du clan Haru, le printemps, notre plus puissant allié, le jour de l’équinoxe. Leur jour de pleine puissance. (Nos noms ne sont pas que des noms banals. Il faut savoir que nos noms ont un rapport avec notre puissance.) Nous étions dans une telle entente qu’aucun d’entre nous n’aurait pu croire ou même prédire la suite des événements, personne ne l’aurait pu.

    Nous passâmes une heure à festoyer comme des rois, à manger des baies, des plante et en buvant de l’eau fraîche et la spécialité de la région le jus de Papaya, - de la baie du même nom. Tout ce passait dans le meilleur des mondes, quand soudain tout bascula.

    Je crus voir la fin du monde, et j’en avais vu des choses. Des flammes volaient de toutes parts, la foudre s’abattait sur nos tentes disposées en croissant de lune non loin de là. Le feu illumina la fin d’après-midi, nos affaires s’enflammaient, et la fumée partit en volutes épaisses vers le ciel devenant de plus en plus couleur suie. Le couché de soleil avait disparu, notre joie aussi.

     

    La mémoire me fait défaut sur la suite de la bataille, mais je présume que notre clan la remportée au prix de nombreux sacrifices et pertes Pokémons irremplaçables. Moult questions sonnaient dans nos têtes : « Pourquoi ? », « Comment était-ce possible ? » ou encore et surtout : « Pourquoi nos amis nous feraient-ils cela ? »

     Nous n’étions plus qu’une dizaine sur la haute corniche surplombant la falaise et nous avions le regard plongé dans l’océan qui s’étalait à perte de vue. Un orage grondait au dessus de nos têtes, et la pluie coulait sur nous, comme nos larmes sur nos joues sales. Chacun d’entre nous était en deuil. En deuil, d’avoir perdu des amis, et surtout des frères.

    Nous n’en resterions pas là, nous l’avions juré sur le nom de nos amis, et frère perdus. Nous étions comme obligés de le faire, pour leur rendre hommage une dernière fois. Soudain, n’y tenant plus j’élevais la voix, comme pour que chacun entende le serment que l’on n’osait dire :

    -Je suis M, et je le jure sur mon nom, et celui de notre clan. Nous ne laisserons pas passer cette attaque et cette traîtrise. Nous vous vengerons ! hurlais-je de toutes mes forces au vide de la nuit.

    Pendant que l’écho et le noir presque total avalait mon cri, une lueur vengeresse brillait dans nos yeux… 


    votre commentaire
  • Chapitre I : A terrible show…

     

     

    Pendant que l’écho et le noir presque total avalait mon cri, une lueur vengeresse brillait dans nos yeux… 

     

    Après une nuit longue et difficile, où se mélangeait horreur et chaos dans nos têtes, le soleil levant, aux reflets roses, me réveilla. La rosée perlait sur les mauvaises herbes de la corniche, campement de fortune, à quelques centaines de mètres de notre maison dévastée… Je pouvais voir quelques lignes noires de fumée à l’horizon.

    Les douloureux souvenirs éclatèrent dans ma tête. Je voyais des courtes visions qui s’estompaient immédiatement. Je ne comprenais pas tout. Du feu partout, la foudre s’abattant sur le sol, l’eau déferlant sur nous. Nos habitations brûlées, de ce que je me souvienne, et nos amis décédés… J’eus soudain une vilaine migraine, je me forçai tout de même à me souvenir, mais je lâchai prise au bout de trois ou quatre secondes. Cela me fit monter les larmes aux yeux.

    Sans bruit, je me dressais de toute ma hauteur et alla m’installer sur l’extrémité de la corniche. Au soleil le rubis sur mon front s’illumina de toute part. J’essayais en vain de me concentrer sur autre chose, n’importe quoi, même aux Rosabyss qui sautaient hors de l’eau. Pourtant magnifique spectacle que nous aimions voir tous ense…mble. Là je ne pus retenir mes larmes. Je faisais tout pour contenir mes sanglots, mais je ne fus pas assez discrète. J’entendis quelqu’un approcher. Je ne voulais pas affronter un quelconque regard. Je me sentais coupable. Coupable d’avoir été trompée si facilement, de n’avoir su réagir à temps, de les avoir laissé faire tant de dégâts. Nous étions quand même le plus fort de tous les clans de cette région et nous avons été mis à mal si facilement. Je m’en voulais tellement.

    Je fus tiré de mes pensés négatives par une patte qui se posa sur mon épaule gauche. En baissant les yeux je vis qu’elle était orange feu. Je compris facilement qu’elle appartenait  à Feunard.

    -Bonjour Petite Flamme, dis-je doucement pour ne pas réveiller les autres.

    En réalité, elle ne s’appelait pas « Petite Flamme », c’était un surnom que je lui avait attribué il y a bien longtemps. Elle s’appelait Fly, mais c’est un peu bizarre Fly, pour un type feu, non ? Voilà pourquoi je l’ai baptisée « Petite Flamme ».

    -Bonjour, me répondit-elle avec un sourire.

    Il y a eu un grand silence, insupportable.

    -Beau levé de soleil, tu ne trouves pas ? lâchais-je, même si je n’y prêtais pas une seule attention.

    -Oui, très beau. Mais on ne peut pas faire nos sensible aujourd’hui. Il y a plus important à penser, non, Rubis ?

    Voilà le surnom que Fly m’a donné. Il vient de mon Rubis sur le front, comme je suis un Mentali, il a été facile de le comprendre dans le clan.

    -Oui, soufflais-je doucement. Tu crois qu’il faut les réveiller ? quémandais-je en me tournant.

    Malgré les événements de la veille, ils avaient l’air si paisible. Je ne pus m’empêcher de sourire, et je vis que Fly aussi.

    -Non, laisse-les dormir. Encore un peu du moins.

    Après un cours instant elle ajouta :

    -Viens… Allons voir.

    Sans dire un mot, j’avais compris où elle voulait en venir. Elle commença à partir, comme pour me montrer le chemin. En passant je regardais chacun de mes amis qui dormaient à poings fermés.

     

    Nous échangions de courtes paroles durant notre route pour rejoindre le camp. Fly et moi étions pourtant des bavardes invétérées, mais la situation ne s’y prêtait pas.

    Partout dans les hautes herbes quiconque pouvait voir notre fuite. Elles étaient couchées, brisées ou écrasées. Le sol était noirci par les flammes provenant du campement. Il nous restait une montée pentue et nous y serions. Fly prit la parole :

    -Que penses-tu que nous allons trouver là-haut ?

    -Je ne sais pas, répondis-je le cœur serré. Penses au corps de nos amis encore étalés là.

    A cette idée, Fly eut un haut le cœur et s’arrêta un instant. Après un petit moment, elle recula rapidement.

    -Regarde ! s’écria-t-elle.

    -Quoi ? Où ça ? dis-je rapidement paniquée, de quoi elle me parlait ?

    Pour seule réponse elle tendit sa patte droite vers une ligne sombre, assez épaisse, à laquelle je n’avais pas prêtée une grande attention.

    -Eh bien, quoi ?

    Fly m’incita à me pencher plus près. Plus près.

    -Whaa ! sortis-je dégoûtée.

    C’était une grande lignée de sang. Nous décidâmes de la suivre en amont, même si, après avoir échangé un regard, nous avions comprit de quel « liquide » il s’agissait. A y regarder de plus près, ce n’était pas la seule. Nous étions entourés de ces lignées de sang, plus ou moins épaisses. Au lieu de nous en reculer nous avancions droit à leurs naissances.

    Après les quelques mètres gravit nous surplombions maintenant la colline et les rares clairières au devant de la corniche. Nous regardâmes l’océan avant de nous tourner vers le campement. Nos amis dormaient toujours, le silence aidant sûrement, pensais-je.

    -Allez, courage, me dit Petite Flamme comme pour m’encourager.

    -Oui, il nous en faut, soufflais-je pensive.

    Sur ces mots, Feunard me poussa gentiment. Nous étions à présent face à un terrible spectacle.

     Je crus halluciner, mais non, Fly voyait la même vision d’horreur que moi.

     -Nous rêvons, lâchais-je bouche bée.

     -J’aimerais tellement, me répondit Fly.

     Mes yeux balayaient le champ de bataille. Le sol était complètement noir, des branches brûlées trônaient partout, les tentes étaient en poussières, des mares de sang rouges écarlates souillaient le sol, les corps de nos amis et ceux des Haru s’étalaient ici et là. Je ne pus supporter d’avantage, mes larmes qui s’étaient arrêtés reprirent de plus belle, et je voulus partir en toute hâte, mais Fly me retint.

    -Non, ne pars pas. Tu sais bien qu’il faut vérifier. Nous sommes les plus fortes du clan, moralement et physiquement. On ne peut pas obliger ce spectacle aux autres. C’est à nous de le faire et tu le sais.

    Oh, oui, je le savais. Mais pour moi aussi c’était dur. Pour nous aussi.

    -Je sais ce que tu te dis, me réconforta Feunard, pour nous aussi c’est difficile. Pourquoi faisons-nous cela ? Pour eux, dit-elle en m’indiquant nos amis sur la corniche toujours plongés dans leur sommeil.

    -Tu as raison, me résignais-je en ravalant mes larmes. Dépêchons-nous.

    Méticuleusement nous traversions le terrain ensanglanté. Nous évitions les corps et les mares du mieux que nous le pouvions. Je regardais chacun d’eux, et faisais une prière discrète à chacun de nos frères morts. J’avais beau essayer d’être courageuse mais c’était dur, le spectacle que je voyais m’écœurait au plus haut point.

    A quelques pas de moi, je distinguais les pattes de Hiku, notre Pichu, mais le reste du corps m’étais invisible… ou il n’y en avait … plus ?  Gloups ! Je sentis mon estomac se tordre. Je fermais les yeux, espérant que tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Je regardais de nouveau et la moitié du corps était toujours là. Puis plus loin je voyais une corne ensanglantée, peut-être appartenait-elle à un Rhinocorne ou un Rhinoferos ? J’imaginais ce pauvre Pokémon sans corne, arrachée ou brisée net. Un Négapi, étendu à côté de la table de banquet, avait la tête broyée, je pus le reconnaître grâce au dessin négatif bleu sur son corps. Je l’aimais bien, il était si gentil… Comme tous nos amis, pensais-je doucement.

    J’aperçus du coin de l’œil la tête sans vie de Haydaim, le chef du clan des Haru.

    Des images brèves me revinrent rapidement : je me battais avec Haydaim. J’étais en mauvaise posture.

    Puis tout devint noir, ma vu se brouilla et je sombrai dans l’obscurité.

     

    Je repris enfin mes esprit, pour moi tout cela avait duré quelques secondes toutes au plus. Feunard m’expliqua que je m’étais évanoui plus d’une dizaine de minute, en grondant bizarrement. J’étais soudain très gênée, et j’aurais voulu être une minuscule Chenipotte pour échapper au regard interrogateur de Fly, où se mêlait surprise et crainte que je sois devenue folle.

    -Ne me regarde pas comme ça ! J’ai juste tourné de l’œil, c’est tout, mentis-je.

    -Bon je te crois. Tu as dû en cauchemarder et tu as grognée.

    On va dire ça, pensais-je. Je ne pouvais pas lui dire ce que j’avais vu, elle me prendrait encore plus pour une dingo.

    -J’ai fais le tour de tout ça, pendant que tu dormais, et à part du sang et des corps, rien. Aucun survivant. J’ai cherché partout, mais rien. Tu veux quand même jeté un coup d’œil ? me demanda-t-elle d’une voix douce.

    Si à la vue d’Haydaim j’avais eu cette vision, serait-il possible qu’en voyant d’autre Pokémon, je verrais autre chose ? Oui, il fallait que je voie le reste du champ de bataille.

    Deux Roucarnage aux ailes trouées jonchaient le sol, le bec à moitié arraché. Un Lucario n’avait plus de mâchoire et on pouvait voir que du sang avait coulé à flot de sa bouche. La mienne se tordit dans un rictus de dégoût. Mes yeux s’arrêtèrent sur un Azurill. Enfin, ce qu’il en restait, du moins. Un œil, une oreille et la queue lui manquait. Vision horrible.

    Cela allait-il réellement fonctionner ? Voir ces corps, ici et là, m’attristais. J’espère que je ne faisais pas tout ça pour rien… En me retournant je vis que Fly ne m’avait suivie et un Excelangue. Il était passé du rose bonbon au rouge foncé, à cause du sang qui avait coulé sur lui. Sa langue pendait lamentablement sur le sol, en plusieurs morceaux. Beurk ! Répugnant. Désolé pour toi, mais c’est comme ça, pensais-je à l’attention de l’Excelangue.

    En continuant d’avancer à travers tous ces morts, je tombai sur un Medhyena coupé en tranche, sûrement par une attaque Tranche-Nuit, du Léopardus à deux pas, perforé par une corne. Peut-être celle du début ? Bon, stop. Rien ne se passait, j’arrête. Pourquoi m’acharner à vouloir avoir une autre … vision, – comment appeler ça autrement ? – si cela ne venait pas ? Je fis demi-tour et avança droit devant moi pour rejoindre Fly.

    En posant mes yeux sur le sol j’aperçus le second de Haydaim, Pifeuil, avec un trou béant dans la poitrine. Un vertige me prit et je m’écroulai de tout mon long.

    Comme tout à l’heure je me vis combattant, mais cette fois Pifeuil était mon adversaire. Je le vis faire voler des feuilles, être projeté et plus rien. Le noir m’envahit une nouvelle fois, tout aussi rapidement. Un brouillard épais me couvrit les yeux et je tournai de l’œil.

    -C’est la deuxième fois, me dit Fly, au bord de l’angoisse. Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

    Difficilement car encore dans la brume, je lui mentis de nouveau pour ne rien lui dire :-Oui, maintenant. Je ne veux pas te voir avoir une nouvelle crise de je ne sais quoi, et t’entendre grogner à nouveau ! Ca a quelque chose de … bizarre, dit-elle en frissonnant… Brrr !

    Sans piper mot, je me levai avec mille précautions et commençai à descendre la pente seule. Fly me rattrapa bien vite.

    -Tu ne te débarrasseras pas de moi si facilement jeune Mentali, me dit-elle ironiquement.

    -Je ferais même pas cinq mètres sans que tu me rattrapes.

    -Je sais, c’est ce que tu viens de faire, répondit Fly avec un sourire qui fendait son visage.

     

    Feunard ne décrochais plus son regard de moi, comme si j’allais de nouveau tomber.

    -Arrête de me regarder comme ça, je vais bien. Je t’ai dis que c’était les corps, crois moi !

    Elle ne prit pas la peine de me répondre et regarda la route. Plus qu’une centaine de mètre nous séparait des autres.

    -Il vaudrait mieux ne pas parler … en détails ce que l’on vient de voir aux autres. Tu ne crois pas ?

    -Si, je suis d’accord avec toi, lâcha-t-elle enfin. Inutile qu’ils nous fassent les mêmes drôles de malaises que toi.

    Qu’elle en vive un, et elle comprendrait. Je sais que son « drôles » sous-entendait « bizarres », mais tout de même. Cela me ferait rire de la voir grogner dans son sommeil agité.

    Heureusement, nous arrivions à la corniche. A quelques minutes près, je suis certaine qu’une dispute aurait éclatée. Les cinquante derniers mètres s’étaient effectués dans un silence de mort.

    -Il faut les réveiller, dis-je. Tu prends ceux de gauche et moi de droite, demandais-je ?

    -On fait comme ça, me dit Fly plus douce, en commençant à secouer timidement Shiro, notre Salamèche, si gentil.

    Moi de mon côté je décidais de réveiller Fragilady et Symbios.

     

    Une fois tous réveillés, nous commençâmes à marcher vers  le nord. Sans but précis, pour le moment. Fly et moi racontâmes aux autres ce que nous avions trouvé là-haut, en l’indiquant de la patte. Mon côté sympathique m’incita à ajouter quelques détails alléchant, suivit de petits gloussements incontrôlés. Je n’avais pas remarqué mais on pouvait toujours apercevoir de la fumée provenant du campement d’en bas.

    D’un coup les sentiments remontèrent et les larmes aussi…


    votre commentaire
  •                                       Chapitre II : The silence…

     

    D’un coup les sentiments remontèrent et les larmes aussi…

     

    Nous marchâmes une demi-journée à l’ombre des grands saules sur le sentier longeant la plage. Le doux bruit apaisant des vagues s’écrasant sur le sable nous accompagnât sans  cesse. C’était un spectacle incroyable. Le soleil répandant ses légers rayons de Printemps illuminant la mer couleur azur, nous éblouissant les yeux. Une légère brise réduisait la chaleur écrasante de l’Etoile Brulante, et un courant marin s’élevait jusque nos narines. Une belle journée s’annonçait.

    Le sol était ferme et sec à cause de l’Astre rayonnant et chaud. Cela soulageait mes petits coussinets endoloris par la bataille d’hier. Nos corps étaient fatigués. Sans aucun souvenir de la bataille, celle-ci avait dû être des plus rudes pourtant. Ma tête était encore lourde et aucun souvenir ne m’était apparu jusque là. Ouf. Je ne voulais même pas m’imaginer m’évanouissant au milieu de mes camarades et devant expliquer, une dizaine de minutes plus tard, pourquoi j’avais tourné de l’œil. Il ne valait mieux pas y penser. J’en frémissais rien qu’à l’idée.

    Le Soleil était à son zénith, il devait être dans les coups de midi. Nous passions juste à côté de plusieurs arbustes à baies. Des baies Pêchas, Orans et Marrons. Tout cela me m’était l’eau à la bouche, et j’étais fatiguée. J’esquissais un regard furtif sur mes camarades et je vis qu’eux aussi fatiguaient. Soit, je déclarai :

    -Faisons une halte ici, mes amis. Nous avons bien marché et je vois bien dans vos regards que vous êtes fatigués. Mangeons tranquillement et reposons nous. Nous repartirons dans une heure. Ne vous éloigniez pas trop, c’est tout ce que je vous demande.

    A peine avais-je fini que mes compagnons se posèrent tous en même temps près du buffet, sauf Fly qui vient s’asseoir près de moi, à quelques pas de là.

    -Viens manger, me dit Fly avec un clin d’œil, cela te fera du bien !

    -Oui, tout de suite, j’arrive, soupirais-je. Je te rejoins.

    Fly commença à se tourner vers nos amis puis fit une pause. Elle me regarda un instant et vit dans mon regard que j’arriverais quand je l’aurai décidé. Fly me connaît bien et me comprend mieux que personne. Elle savait que dans certains moments, il fallait que je sois seule… et en voilà un.

    -Très bien, je t’attendrais là-bas, chuchota-t-elle en me désignant de sa patte une place libre au pied d’un arbre. A tout de suite.

    Pour seule réponse je soupirai. Et mon regard vagabonda d’un de nos amis à l’autre. En voyant chacun d’eux, tour à tour, je pensais à leur arrivée dans le clan. Le clan…, une larme me coula sur la joue. Je la balayai vite de la patte, de peur que quelqu’un la vit.

    Je pensais de nouveau au souvenir que j’avais eu. A cette idée j’eu la nausée, ma vision devint saccadée de noir, et je me tenais difficilement sur mes pattes mais assez fermement. Du moins je l’espérais, je ne pensais plus qu’à deux choses. Ne pas m’écrouler et réussir à me souvenir de la journée précédente.

    Tout se brouilla autour de moi, mais je ne bougeais pas.

    Ma vue diminua et mes amis laissèrent la place à du sang et de la fumée…

    Du feu volait partout, la pluie torrentielle s’abattait sur le sol et la foudre rayait le ciel. Des attaques fusaient de partout, des corps gisaient ici et là et certains tombaient. J’entendais des explosions de toutes parts et des cris étouffés, mais je ne comprenais rien.

    Je me battais contre Haydaim et comme ce matin j’étais en mauvaise posture. Je vis son regard poser sur moi, plein de tristesse et de pardon. Je ne comprenais pas pourquoi. Je le vis bouger les lèvres, mais n’entendis rien du tout. Son expression changea et il ferma les yeux.

    Rapidement tout se déchira, je sentis des papillons dans mon ventre et le sol s’arracha sous mes pieds.

     

    J’ouvris de nouveau les yeux, tout était net, rien ne bougeait. Le sol était bien sous mes pieds. Personne ne s’était rendu compte de rien, visiblement. Tout le monde mangeait encore et Fly m’attendait toujours tranquillement. Combien de temps cela avait-il duré ? Trente secondes ? Deux minutes ? Peu de temps en tout cas, sinon Fly serait déjà à côté de moi.

    La sensation de mal être ne s’était toujours pas estompée. Je m’attendais d’un seconde à l’autre à voir à nouveau un épisode de la bataille mais au de quelques instants, elle disparut. Je décidais donc de retrouver Fly.

    -Coucou, toi, me dit-elle doucement en me tendant une baie Oran.

    -Coucou. Tu m’attends depuis longtemps ? demandais-je sans réfléchir.

    Zut ! Je suis bête ou quoi ?

    -Euh… non, cinq minutes tout au plus, pourquoi ?

    Misère.

    -Euh, pour rien, j’ai du… m’assoupir à cause du soleil, et voilà, bégayais-je.

    -Ah, je le savais ! A ta tête, cela se voyait, ria-t-elle en me faisant un clin d’œil. Après on va faire un petit tour ?

    -Oui, si tu veux, dis-je tout sourire.

    Nous mangeâmes jusque plus faim.

    -Je suis repue ! souffla-t-elle.

    J’acquiesçais de la tête, moi aussi, je ne pouvais plus rien avaler.

    Elle se leva et me glissa à l’oreille :

    -Viens. On va faire notre petit tour.

    Après un rapide coup d’œil à nos amis qui se reposaient à présent, je me levai rapidement. Nous avions encore une dizaine de minutes devant nous pour digérer et discuter.

    Sans savoir pourquoi je souriais, Fly également. A sa tête, je crus que ce n’était pas pour la même chose. Une seconde plus tard, elle m’adressa un grand sourire et nous commençâmes à marcher.

     

    Au bout de quelques secondes Fly commença à me poser des questions. Je répondais simplement par oui ou par non, sans explications.

    Après quelques demandes, elle me questionna sur mes malaises. Me dit qu’elle avait comprit, que même si je ne m’étais pas étalée de ton mon long, il s’était produit quelque chose. Je bredouillai des paroles incompréhensibles, bégayai légèrement.

    Quelle perspicacité. Devais-je lui dire ? S’il y avait une personne à qui je pouvais me confier, c’était bien Fly. J’hésitais un long moment et fermai les yeux. Remuant tous ces souvenirs, visions ou je ne sais quoi. Chaque détail m’explosait en tête. J’essayai de ne pas le montrer mais peine perdue.

    -Allez, M. Dis moi ce qui ne vas pas ! enchérit-elle pressée par le temps qui nous manquait.

    Il ne restait que quelques minuscules minutes pour tout lui dire.

    Enfin si je lui dis.

     De toutes les manières il fallait que j’en parle. Je voulais quelqu’un qui m’aide à comprendre, à déchiffrer tout ça. C’est partit, je lui dis tout. En espérant qu’elle puisse m’aider.

    -Alors, je vais aller vite. Tu te souviens ce matin ? Quand nous sommes aller voir ce qu’il restait de la bataille.

    -Oui, et ?

    -Et bien, en voyant Haydaim, puis Pifeuil, je me suis évanouie. Tu te souviens ?

    -Oui, pourquoi tu t’es évanouie, comme ça ?

    Sans l’écouter, je repris :

    -Et avant de te rejoindre, tu m’as dis que tu m’avais vu mal et que je n’étais pas loin de tomber.

    -Oui, mais accouche à la fin !

    Une fois de plus je l’ignorais et dis :

    -Je ne sais pas pourquoi, mais je vois des sortes de souvenirs ou des visions de la bataille mais tout est trouble, vague, très lointain. Je suis moi et j’exécute les faits et gestes que j’ai dû faire hier. C’est toujours très court puis tout devient sombre, je perd connaissance et je me réveille quelques minutes après. Je ne voulais pas que tu le sache parce que je pensais que tu me prendrais pour une folle, mais bon.

    Je me pinçai les lèvres, n’osant plus rien dire ni faire. Je ne bougeai plus et la regardai, attendant sa réaction. Je guettai un sourire, un rire de sa part, même qu’elle se plie de rire, mais rien de tout ça. Je ne déchiffrai pas son expression. J’attendais qu’elle parle. Visiblement elle digérait toutes les informations.

    J’en profitais pour continuer :

    -Voilà pourquoi tout à l’heure je devais, sûrement, beaucoup trembler. J’essayai de ne pas m’étaler par terre. Je ne voulais pas que les autres soit au courant. On a vécu assez de chose comme ça.

    -Mais c’est à cause de ça, justement, dit-elle enfin, que tu as ces… souvenirs. Je ne te prends pas pour une folle. Tu as raison, il est préférable que les autres ne l’apprenne pas. Tu aurais dû m’en parler plus tôt ! J’aurai compris, même si je ne peux pas vraiment me mettre à ta place.

    -Non, tu ne peux pas vraiment te mettre à ma place.

    Deux secondes passèrent et j’ajoutai rapidement :

    -Tu aurais compris, c’est vrai ?

    -Oui, me rassura-t-elle. J’en ai entendue des plus incroyables !

    -Du style ? répondis-je au tac au tac, sans réfléchir.

    -Du style le vieux Mr.Mime qui se prenait pour une Comtesse, le lundi, lâcha-t-elle en se retenant de pouffer alors que moi non, pour un Crabby le mardi, et même pour un Roucarnage ! Une fois, pour me le prouver, disait-il, il a essayé de sauter de la corniche !

    Il y eu un blanc, nous nous regardâmes et explosâmes de rire. Je m’imaginais très bien le vieux Mr.Mime essayant de sauter de la corniche, cela devait être vraiment comique. Mon rire m’arracha une larme et à elle aussi.

    -Plus sérieusement, reprit-elle en s’éclaircissant la voix, tu aurais dû me le dire.

    -Je le sais, maintenant.

    -Maintenant je veux que tu me préviennes d ès que tu te sens mal, c’est clair ? Et puis, reste à côté de moi, pas plus de cinq mètres.

    -Ok, mais je suis pas en prison non plus.

    -Tu sais que je serais capable de t’en faire construire une, me dit-elle avec un sourire malicieux et l’œil brillant.

    -Oh, oui ! m’exclamais-je en riant de nouveau.

    Fly ne mit pas longtemps avant de me rejoindre, pour partir dans un rire collectif.

    Nous mîmes quelques secondes à nous arrêter tout à fait. Après un silence, Fly me dit :

    -Et si on doit se battre. Hein ? Comment tu feras ?

    -Je n’en sais rien… Nous verrons ça au moment voulu, non ?

    -Et si au moment voulu, répéta-t-elle en m’imitant, tu t’évanouie. Moi je dis quoi aux autres ? Et je suis censée te défendre, toi couchée par terre, tout en attaquant nos ennemis ?

    -Bah, oui, éludais-je rapidement avec un grand sourire, tout en savant qu’elle aussi se rendait à l’évidence.

    -« Bah, oui » ! « Bah, oui » ! Je vais t’en faire manger des « Bah, oui », moi ! dit-elle en s’élançant sur moi.

    Je sautais instinctivement un peu plus loin et nous commençâmes une course poursuite tout en ricanant et braillant jusqu’à nos amis qui nous attendaient. Ils nous regardèrent surpris. Tous ces regards me rendirent rouge pivoine et je vis, en jetant un coup d’œil en arrière, que Fly était encore plus rouge que moi, à cause de son teint orangé naturel, qui n’aidait pas à cacher sa gêne.

    A ce spectacle, ils rirent de bon cœur, tandis que nous, nous avancions dignement et commençâmes à changer de sujet en espérant pouvoir passer à autre chose. Mais rien n’y fit, ils continuèrent de s’esclaffer.

    Fly et moi nous regardâmes. Nos couleurs n’avaient pas totalement disparues et nous rîmes avec eux, se rendant à l’évidence, nous étions drôles à voir.

    Je m’approchai d’elle et discrètement, lui glissai à l’oreille avec un large sourire :

    -Décidément, on aura bien rit.

    -Oh, ça oui, tu peux le dire, me répondit-elle tout aussi doucement.

    Pus d’un même mouvement, nous nous retournâmes vers nos amis et continuâmes à rire. Rire nous mettait du baume au cœur, nous soulageait des événements de la veille.

    La fatigue avait disparue et les dernières courbatures également.

    Les minutes passèrent avant que chacun se calme totalement.

    Sans nous en rendre compte, nous nous étions disposés en cercle. Je regardais chacun d’eux et leur franc sourire. D’un seul hochement de tête général, nous reprîmes la route, toujours en longeant la corniche et en direction du nord.

     

    C’était dans la bonne humeur générale que nous foulions de nouveau le sentier. Tous les autres étaient au devant de nous, Fly et moi. Par petit groupe, un de deux et deux de trois Pokémon.

    Ce début d’après-midi était radieux et l’air se réchauffait de plus en plus. Le vent commençait à tomber. Les arbres avaient arrêté de danser, les oiseaux restaient sur leur branche ou dans leur nid, plus un son extérieur ne parvenait à nos oreilles. Cela ne présageait rien de bon.

    Mais les braillements de nos compagnons les empêchaient de s’en rendre compte, mais Fly et moi l’avions sentit. Mais comme tout était tranquille nous n’en faisions part aux autres.

    Plus le temps passait, et plus je me disais que ce n’était qu’une impression. Mon regard se plaqua automatiquement sur le sol et mes pattes, quand  je failli trébucher. A droite, à gauche… Ouf, personne ne m’a vue !

    -Tu aurais pu te vautrer, quand même, je me serais à nouveau esclaffée, comme tout à l’heure, me glissa Fly ironiquement.

    -Chut, soufflais-je sèchement. Toi aussi tu aurais pu tom…

    Je trébuchais sur un caillou, et cette fois tombais dans un grand bruit sourd. Tout le monde se retourna sur moi et ria à ma vue.

    -Aïe ! m’écriais-je.

    -Non, je n’aurais pas pu tomber, moi, me dit Fly, entre deux hoquets de rire. On dirait que c’est un privilège qui t’est réservé ! ria-t-elle de plus belle.

    La tête dans la terre, je ne pus m’empêcher de pouffer aussi. Je me relevai rapidement et m’épousseta de façon à être quelque peu plus présentable. Maintenant, à chacun de mes pas je traquai le moindre petit gravillon susceptible de me faire goûter de nouveau à la terre.

    Je posai précautionneusement la patte et le sol se fendit sous ma patte, des ombres sautèrent partout, l’air devint étouffant et je me retrouvai seule avec Fly, séparée des autres par ce trou béant infranchissable.

    Soudain je me rappelais le silence. Le silence.


    votre commentaire
  •  

     

    Soudain je me rappelais le silence. Le silence.

     

    Le trou en face de nous se vidait d’ombres noires, sorties des entrailles de la Terre. La terre sous nos pattes tremblait et nous vibrions avec elle, cherchant un point stable.

    Devant nous, nos amis se reculaient d’un seul bloc. S’écartant un maximum de la faille, mais celle-ci ne cessait de s’élargir derrière eux. Des cris fusaient tandis qu’ils fuyaient de plus en plus loin. Nous les regardions essayer d’échapper à la faille.

    -Recule ! criais-je à Fly, à la vue de l’écroulement de la terre sous nos pattes.

    Notre côté commençait également à tomber en miettes. Il fallait nous dépêcher, mais on ne pouvait pas non plus les laisser. Pendant que mon regard se perdait sur eux Fly me dit :

    -On ne peut plus rien pour le moment, surtout de notre côté. On les retrouvera plus tard, vite !

    J’hochais la tête et détournais le regard avec résignation, pour me concentrer sur mes pattes.

    Fly me stoppa brutalement, je failli m’écrouler en arrière, et cracha une lignée de feu face à nous.

    -Que… Qu…, bredouillais-je étonnée.

    -Regarde devant toi, au lieu de regarder tes pattes, dit-elle très sérieusement.

    Quand je levai les yeux j’aperçu quatre ombres noires nous barrant le passage. Le feu en avait dissout une dans un petit nuage noir, formant un petit tourbillon. Je les regardais attentivement, elles se déplaçaient pour boucher le trou formé par l’absence de la disparue.

    -Elles sont bien ordonnées, dis-moi.

    -N’y fais pas attention, détruis-les, point, me répondit Fly. Ce n’est pas l’heure des plaisanteries.

    Je ne répondis pas et je m’élançai de front sur les ombres noires, je sautai en l’air et me retourna dans une rapide Queue de Fer qui fit disparaître une autre ombre en petit tourbillon. Fly cracha une Déflagration, en forme d’étoile, qui fit disparaître dans une fumée noire les deux dernières ombres en me passant à côté.

    Je regardai partout, pour voir si d’autres ne nous attendaient pas, mais rien.

    -C’est tout ? m’étonnais-je. Quatre petites ombres de rien du tout ? Je ne sais pas qui ils sont mais ils ne nous connaissent pas non plus visiblement.

    -Rien de moins sûr. Bon, il faut … là ! s’écria Fly en tendant la patte et braquant son regard sur le point qu’elle indiquait.

    Je regardai aussi et vis une nouvelle pluie d’ombres noires sortir de la faille et tomber du ciel. C’est quoi ce délire ?

    Elles s’écrasèrent en formant des impacts circulaires sous leurs pattes spectrales. Les ombres se postèrent dans une position que je qualifierais de « combat ». Elles étaient prêtes à en découdre, visiblement. L’une d’elles disparue et frappa Fly dans le dos, en une fraction de seconde. Celle-ci perdit l’équilibre mais se remit vite sur ses pattes.

    Je regardais Fly, rien de grave. Je fixais mon regard sur la petite armée fantomatique devant nous et regarda chacune des ombres.

    J’eux un mouvement de recul quand je vis que certaines chargeaient, ce que j’appellerais des Ondes de Chocs, des Vibraqua et des Lance-Soleil. Mais qui sont-elles ?

    Maintenant un rideau d’attaque était prêt à s’abattre sur nous. Le chargement était presque terminé vu la taille des boules d’énergie, d’eau et de lumière disposées dans les mains des ombres.

    -Bouge ! criais-je à Fly tout en sautant sur le côté gauche et elle droit.

    Toutes les attaques allèrent droit sur notre position précédente et provoquèrent une effroyable explosion qui ne fit qu’agrandir la faille et nous expulser encore plus loin, nous séparant l’une de l’autre.

    -M ! hurla Fly.

    Je n’entendis que faiblement le cri de Fly, comme étouffé.

    -Fly ! répondis-je à plein poumon.

    Je n’ouïs-je aucune réponse. Que se passait-il ? Ma vue se brouillait quelque peu, par moment totalement noire ou lumineuse, parfois simplement floue. Je n’entendais presque rien, comme si j’avais une bulle autour de la tête. Je voulus me relever mais je fus bloquée immédiatement et je me retrouvais de nouveau plaquée au sol. Ma tête était lourde, et je tournais la tête en arrière pour voir ce qu’il clochait.

    Ma patte postérieure gauche était ensevelie sous trois pierres et de la terre. Mince. Je levais faiblement la patte pour dégager tout ce poids. Je battais l’air du mieux que je pus, mais ma patte retomba au sol. Ma vue s’était assombrit d’un coup et je n’avais pas vu où je frappais. Après plusieurs tentatives infructueuses je décidais d’utiliser ma dernière carte pour sortir de là.

    Je déclenchais mon Choc Mental, mes yeux se tintèrent de bleu et les courbes de mon corps prirent la même teinte. Je fixais les morceaux de pierres et de terre en lévitation, au dessus de ma patte. Les blocs faillirent tomber de nouveau sur moi, mais je tins bon, difficilement. Je les déplaçais tout en bougeant ma tête et en gardant mon regard braqué sur eux. Je fis voler le tout, à quelques mètres de moi, sans direction précise, à l’aide d’un grand effort.

    Je pris de nouveau conscience de ma position délicate quand six ombres autour de moi disparurent, transpercées par les blocs rocailleux et de terres, et frappèrent lourdement le sol dans un bruit de tous les diables. J’essayais alors de me relevai, doucement pour ne pas tomber, mais mes premiers essais furent ponctués d’échecs. Mon exploit précédent m’ayant totalement vidée de mon énergie.

    Je posais une patte, puis l’autre, me positionnais sur mon bassin, poussait et retombait en avant. Durant quelques secondes ma vue devint lumineuse, puis trouble. J’attendais dans la frayeur de prendre une attaque. Je me demandai soudain depuis quand étais-je allongée à essayer d’enlever ce poids de ma cheville sans que les ombres ne m’attaque. Pourquoi n’attaquaient-elles pas ? Une cible si facile que moi, sans défenses, qui ne pouvait bouger sous peine de tomber immédiatement ? Je ne comprenais pas.

    Je tentai à nouveau me lever, pendant que je pensais à toutes ces questions. Je levai la patte droite, je posai la patte gauche, je me posais sur mes fesses, appuyai sur mes membres postérieurs et réussis finalement à être dressée sur mes quatre pattes, mais l’équilibre me faisait défaut et je ne cessai de tanguer à droite à gauche.

    J’étudiais la situation en essayant de garder la tête haute et le regard fixé sur mes ennemies. Trois ombres en face, cinq sur ma gauche, deux derrière moi et six sur ma droite. En temps normal je dirais « Facile ! », mais là, dans mon état… je n’osais me prononcer sur la fin de ce combat.

    Je regardais chaque ombre une par une, dans la mesure du possible pour mon cou, et décidais de charger droit devant moi en faisant scintiller ma queue. Je me retournai, faiblement, fendant ridiculement l’air d’une lumière argentée, faisant plus penser à une courbe qu’à une oblique bien faite, comme j’avais l’habitude de les faire.

    Je retombai sur mes pattes, évitant de justesse de me retrouver les quatre fers en l’air dans la faille, qui avait d’ailleurs cessé de s’agrandir, ce que je n’avais pas remarqué jusqu’alors.

    Je me tournais vers les ombres et je vis que malgré tout, j’avais fait disparaître deux des trois ombres en face de moi, en petit tourbillon. Je m’étonnais moi-même mais un jet de flamme, venant de ma droite, me rappela à l’ordre.

    J’eus du mal à l’éviter et je plongeai en avant maladroitement pour me mettre en sécurité. J’arrivais ventre à terre, la tête tournée vers le cracheur de feu et essayai de nouveau de me lever pour courir vers lui. Je mis dix bonnes secondes, durant lesquelles j’étais complètement à découvert, mais aucune attaque ne balaya l’air ou ne vint s’abattre sur moi. Je fondai alors sur l’ombre qui avait voulue me carboniser et dans ma course j’ouvrais la gueule en grand. Une boule d’ombre se forma, grossit de plus en plus et commença à tourner sur elle-même. Arrivé à la hauteur des ombres qui étaient derrière moi lors de ma position initiale, je crachai ma Balle Ombre, et sautai sur celles-ci en crachant une multitude d’étoiles, brillante de toutes parts. Les Météores fendirent les deux ombres qui n’eurent pas le temps de bouger.

    Tout en crachant je tournais sur moi-même, balayant les six ombres sur ma gauche s’évaporèrent en un nuage de fumée noir avant de frapper la dernière ombre que je n’avais pas dissoute lors de mon premier assaut. Il ne restait plus que les quatre ombres sur ma droite, qui avaient reformé les rangs après la disparition du cracheur de feu. Plus que quatre, je ne m’en sortais pas si mal, finalement.

    Après cette attaque, j’étais quelque peu essoufflée. Je me sentais plus lourde que d’habitude. Les ombres à côté de moi ne bougeaient pas d’un pouce. Je ne comprenais toujours pas pourquoi elles ne m’attaquaient pas. Je remarquai alors qu’elles avaient cessées de bouger comme un rideau de vague, et ma vue ne se brouillait plus. Je reprenais calmement mon souffle et m’appuyais fortement sur mes appuis, bandais mes muscles et attendais quelques secondes. Je pris le temps de regarder autour de moi. Je cherchais Fly mais ne la voyait nulle part. Quand mon regard se posa de nouveau sur les ombres et je sautai droit sur elles.

    A une trentaine de centimètre des ombres, je fus projetée en arrière à plusieurs mètres. Je me relevais immédiatement, même si je commençais à être vraiment fatiguée. Je n’aurais le droit qu’à deux essais, je pense.

    Alors je tentai de nouveau, sans y croire, en accélérant de plus en plus ma course. A la même distance, si minime, je volai encore pour rejoindre le sol à quelques mètres d’elles.

    Cela ne servait à rien. C’est comme si un bouclier invisible les protégeait. Je décidais d’utiliser mon Choc Mental pour essayer de les balayait avec les pierres qui me bloquaient la jambe il y a quelques minutes. Lorsque mes yeux commencèrent à s’illuminer et mon corps étinceler d’un bleu ciel, les pierres firent de même et s’élevèrent à presque deux mètre du sol.

    Avant que je puisse lancer les pierres sur les ombres, celles-ci disparurent toutes les quatre et ne réapparurent pas. Bizarre. L’effort et la fatigue me firent lâcher les pierres rapidement et en tombant sur le sol, elles produisirent comme un claquement sur le sol sec.

    Je baissai les yeux et prit une grande goulée d’air quand l’un des ombres se matérialisa devant moi et m’assainit un Coup Bas des plus douloureux, et je me pliai en deux. Je plissai les yeux et essayai de me relever dans la seconde mais avant d’être sur mes pattes je m’envolai sans que quelqu’un me touche et je fus abattue violement sur le sol. La sensation de trouble me prit de nouveau mais ne dura que deux secondes.

    J’étais maintenant à une dizaine de mètre de la faille. La tête et les pattes sales de terre et le corps fatigué. Je poussai sur mes pattes pour me lever mais une des ombres vint me percuter avant que je puisse réagir et je fus projetée plus loin.

    Après le choc, ce fut une pluie de bousculade qui s’abattue sur moi. Les ombres ne me laissaient plus une seconde pour répliquer. Il fallait que je trouve juste une brèche dans cette multitude d’attaques sans interruption pour pouvoir me défendre. J’observais plus attentivement les attaques tout en les encaissant, douloureusement.

    En fait, c’était un cycle : deux attaques à droite, quatre à gauche suivit de deux attaques arrière, une pause de deux secondes et une attaque avant. Voilà quand je devais frapper. Une, deux. Une, deux, trois, quatre. Une, deux. Pause ! Mes yeux s’illuminèrent d’un seul coup et les pierres que j’avais laissé derrière moi se levèrent et allèrent s’écraser sur l’ombre qui allait me frapper avec une attaque frontale. Elle fut dissoute et dans un dernier effort je fis tourner les pierres en rond au dessus de ma tête pour faire disparaître les deux dernières ombres.

    Je me levai lentement sur mes pattes. Lentement je fus sur mes quatre membres et je regardais tout autour de moi en bougeant doucement la tête. Plus aucuns ennemis en vue.

    Je trainais les pattes et avançais à ma droite, me rapprochant de la faille, à la recherche de Fly. Où était-elle ? Depuis combien de temps me battais-je de mon côté ? Je levai alors la tête vers le ciel et réalisait que le Soleil commençait à décliner, la fin d’après-midi pointait à l’horizon. Le combat avait dû durer au minimum quatre heures. L’explosion devait m’avoir assommée et encore une fois, pour une raison inconnue, les ombres ne m’avaient pas attaquée. Si leur but n’était pas de me mettre K.O. voir morte, pourquoi m’attaquaient-elles ? Peut-être que le comportement des ombres qui assaillaient Fly était-il, ou est-il, le même que celles qui m’attaquaient.

    Tout en marchant je m’approchais de la faille béante. C’est là que vis des jets de flammes et des nuages noirs s’évaporant vers le ciel. Je me précipitais, aussi vite que mes pattes me le permettaient, c'est-à-dire, à la vitesse de la marche rapide, en fait et étudiais la situation.

    Il y avait une dizaine d’ombres autour de Fly. Elle semblait essoufflée et épuisée. Il fallait que je l’aide, même si elle s’en sortait pas mal à première vue.

    J’avançais encore et fonçais droit devant moi, en passant à travers une des ombres avec un coup d’épaule. Si Fly fut surprise de me voir elle ne le montra pas et continua de cracher du feu sur les ombres. Sa Déflagration fit s’évaporer deux ombres et sa Danseflamme en emprisonnant trois dans un épais cercle de feu, qui finit par les engouffrer et les faire disparaître. Mes épaules fatiguées firent disparaître deux autres ombres avant de me faire comprendre que je devais les laisser se reposer. Je laissais Fly finir avec ses Crocs Feu et Lance-Flamme.

    Toutes les ombres avaient disparu et nous restâmes toutes les deux à attendre une autre attaque, une autre pluie d’ombres noires, mais plus rien. Nous attendîmes pendant un long moment et lorsque nous parlâmes de nouveau le Soleil avait pratiquement disparu.

    -Tout va bien ? dis-je tout bas.

    -Epuisée, sinon ça va. Et toi ? répondit-elle en soupirant.

    -Pareil.

    J’ajoutais après une pause :

    -Par où veux-tu qu’on aille ?

    -Je ne sais pas. Tu penses qu’il faut essayer de les rattraper ?

    -Ils courent depuis qu’il est midi. Ils doivent être loin à présent. Très loin. On ne sait même pas où ils sont.

    -Nous n’avons qu’à suivre la faille, puisqu’ils l’ont fuit, non ?

    -Oui ! Nous longeons la faille et nous tomberons sur eux ! Enfin en théorie. Tu penses qu’ils ont eu droit à des ombres noires eux aussi ?

    -Oui en théorie. Bon on y va ? dit-elle en ouvrant la marche. Sinon, peut-être, c’est bien possible, enchaîna-t-elle. En tout cas, nous en avons eu un paquet, là ! Tu en as eu combien de ton côté ?

    -Euh… Seize, dis-je avec un grand sourire et en me frottant la tête de ma patte.

    -C’est tout ? s’écria Fly avec des yeux rond comme des soucoupes. Tu rigoles, là ?

    -Non, je n’en ai eu que seize. Pourquoi, tu en as eu combien toi ?

    -Un peu plus d’une trentaine. Tu fichais quoi ? Tu dormais ?

    -Euh, oui, sûrement, lâchais-je en riant.

    Fly soupira en secouant la tête puis ria également.

    Nous fîmes quelques pas en continuant de rire, ce n’était pas du tout discret mais bon.

     

    Après quelques longues minutes à marcher, nous avions complètement cessé de rire et nous ne pipions mot. Nos yeux commençaient à se fermer tout seul alors que nous n’avions pas parcouru la moitié de la longueur de la faille. De là où nous étions je ne voyais même pas l’extrémité de sa largeur. Elle était immense. Dire qu’il y a quelques heures encore elle n’existait pas. C’en était presque incroyable, si je ne l’avais pas vu je ne l’aurais cru.

    -Restons là pour la nuit. Nous repartirons à l’aube Fly. C’est mieux comme ça.

    -Il faut continuer, M.

    -Nous tombons presque de fatigue et tu veux qu’on continu ? Aller, dormons, dis-je en m’asseyant sur le sol.

    Les yeux mi-clos, je vis que Fly se résignait à dormir quelques heures.

    Lorsque j’allais fermer les yeux et me laisser bercer dans les bras de Morphée un éclair déchira brusquement le ciel et vint s’écraser juste entre nous. Nous nous levâmes d’un bond et je failli tomber dans la faille si Fly ne m’avait pas rattrapée.

    Que ce passait-il ? Avant les ombres noires, maintenant cet éclair ?

    D’autres jets lumineux partant du ciel frappaient le sol autour de nous.

    La faille se remplie de noir, d’un épais nuage noir, en tourbillon. De là sortit cinq ombres noires, plus grosses que celles que nous avions combattu dans l’après-midi, bien plus grosses que n’importe quelle ombre. Chacune prit une teinte différente la première devenant bleu, la seconde rouge, la troisième jaune, la quatrième verte et la cinquième marron et se disposèrent autour de nous, nous encerclant.

    Avant d’échanger un mot, avant de pouvoir réagir, avant de pouvoir faire un geste les ombres chargèrent et tirèrent chacune et respectivement de puissant jets d’eau, de feu, de foudre, de feuille et de terre.

    Fly et moi reculèrent et nous trouvâmes dos à dos. L’attaque nous frappa de plein fouet, la terre sous nos pattes dégringola, absorbé dans le tourbillon noir. Nous roulâmes avec les morceaux de terre et nous les suivîmes dans le tourbillon, y pénétrant doucement, comme si le temps s’arrêtait puis rapidement, comme arrachée de cette partie du monde. Ma vue se brouilla. Soudain tout devint noir.

     

    Mes pattes furent comme tirées vers le fond, comme arrachées de mon corps. Je ne voyais plus rien. Je ne savais où j’étais, où était Fly.  J’avais l’impression que l’on me tirait fort la fourrure en arrière. Que ma queue était détruite. Que l’on m’arrachait la tête, les yeux, le museau, les crocs. Que l’on me désintégrait les membres, que l’on me retirait chacune de mes griffes. Que mes pattes devenaient de la charpie, que mes coussinets m’étaient arrachés. J’avais l’impression que mon cœur était broyé sous ma cage thoracique, j’avais l’impression que mon corps était écrasé, que j’étais déchirée. Je souffrais tellement. Une douleur inconnue dans tout mon corps  m’envahissait et ne me quittait plus, frappant chaque partie de mon être. Mon corps était en feu et en même temps totalement gelé. Je me consommais de l’intérieur, les flammes me dévorant, faisant éclater, bouillir, chaque cellules de mon corps, je me sentais fondre, chacun de mes atomes se consumant, m’arrachant des horribles cris, résonnant dans ma tête.  Mon cerveau était en feu et je le sentais prêt à exploser. Mais un froid omni présent m’étouffait et je me sentais mal, je suffoquais. Je n’avais plus d’air, j’aurais tout donné pour une goulée d’air, une simple petite goulée d’air mais rien, je ne respirais plus, ma respiration était comme bloquée. Plus rien n’était réel, tout se brouillait, devenait lumineux, puis froid, immédiatement brûlant, me faisant littéralement exploser le cerveau. Je n’avais plus rien, je lâchais prise et tout devint noir à nouveau.


    votre commentaire
  • Chapitre IV : The Castle of Shadows… Part 1

     

    Je n’avais plus d’air, j’aurais tout donné pour une goulée d’air, une simple petite goulée d’air mais rien, je ne respirais plus, ma respiration était comme bloquée. Plus rien n’était réel, tout se brouillait, devenait lumineux, puis froid, immédiatement brûlant, me faisant littéralement exploser le cerveau. Je n’avais plus rien, je lâchais prise et tout devint noir à nouveau.

     

    Tout se passa très vite.

    Je fus violement projetée sur un sol de marbre des plus froids. Par surprise je plissai les yeux puis, aussitôt, la douleur vive me prit de nouveau. Je tordais mon corps, m’étirais, me recroquevillais sur moi même.

    Une perle de sueur me roula sur le front et tomba au sol. Je remarquais alors que j’étais en nage et que mon corps était brûlant. J’avais tout d’une fiévreuse. Je tremblais de partout, parfois à grands gestes, à cause de la douleur. Je m’épuisais de plus en plus à bouger dans tout les sens.

    J’étais complètement essoufflée. J’essayais à grande peine d’inspirer de l’air puisque je ne pu reprendre mon souffle durant ce bref instant, mes poumons étaient complètement vide. Je crus mourir, privée d’air, souffrant le martyre. Tant bien que mal je reprenais mon souffle.

    J’essayai d’ouvrir les yeux pour voir où nous étions mais mes deux tentatives se soldèrent d’échecs, la douleur m’obligeant à garder mes yeux clos. Je tentai une troisième fois et vis enfin la salle où nous avions atterrit.

    C’était une très grande pièce, ornée d’une dizaine de cheminées, toutes habitées par de grand feu majestueux, placées à égale distance des unes des autres, et de grands lustres dorés, en ligne droite au plafond, qui éclairaient faiblement l’immensité du lieu. Il n’y avait que peu de mobilier dont une gigantesque table en chêne dans les dix mètres de long et cinq de large, dirais-je, garnie de hautes chaises à dossiers disposées tout autour, des buffets sculptés à la main, sur lesquels trônaient de magnifiques bouquets de fleurs, de toutes tailles collées aux murs entre chaque âtre, dont on pouvait entendre les braises crépiter à l’intérieur et enfin deux trônes somptueux, sur une grand estrade.

    Une large porte se trouvait derrière ces deux sièges princiers. Une seconde à l’opposé de la pièce semblait ouverte, de ce que je pouvais voir de là où j’étais.

    Je continuais l’inspection en regardant les murs couverts de lambris beige, de rideaux sombres et de tapisseries brodées d’or et de vermillon, soutenues par de lourdes tringles, où étaient cousues les aventures d’un jeune garçon trouvant une épée lui conférant bien des pouvoirs magiques, le rendant presque imbattable, et terrassant un énorme dragon. J’étais curieuse de savoir qui était ce jeune homme, nous n’en avions plus vu depuis si longtemps.

    Les Hommes avaient disparu il y a bien longtemps. Cette espèce avait fini par s’éteindre puisqu’ils ne savaient cohabiter sur la planète. Leurs guerres incessantes avaient fini par tous les faires disparaître. Mais notre région d’habitation était très éloignée des continents que les Hommes cherchaient à se voler. Où pouvais-je bien être ? Aucun Pokémon n’aurait brodé cela.

    Tout en y réfléchissant j’essayais de me relever bravant la douleur. Une fois sur mes pattes arrières je vis mon reflet dans le sol froid. J’eus un mouvement de recul, de surprise et par un sursaut de douleur, dérapant sur des queues, sûrement celle de Fly, et tombant de nouveau sur le sol. Après quelques secondes je me rendis compte que Fly ne s’était pas réveillée en sursaut et en criant mais que, moi, j’avais eu mal. Je regardais lentement vers mon derrière et je vis neuf longues queues orangées. Je croyais rêver. C’était impossible ! Je me regardais plus attentivement et ce que je vis n’était pas ce que j’attendais. J’étais devenue orangée, avec huit queues supplémentaires, et dans le sol de marbre je vis que mes oreilles était plus grandes et plus poilues et que je n’avais plus mon Rubis !

    J’étais en panique totale. Ce n’étais pas moi … ça !

    Où était passé mon Rubis ?

    Où étaient passées mes oreilles ?

    Où était passée ma seule et unique queue ?

    Où étaient passés mon corps et sa couleur ?

    Je respirai vite et fort, j’allais me réveiller, ce n’était pas possible autrement. C’était un canular, une blague, une farce ! Aux secours ! Je regardais partout, à droite à gauche et cru voir Fly, étendue un peu plus loin, dos à moi.

    Mais c’était forcément elle puisque nous étions venues à deux et nous n’étions que deux ici.

    Essayant de taire ma panique je m’avançais vers Fly, mais c’était étrange… elle était différente. Très différente, même. Soudain je crus comprendre ce qui s’était passé, mais j’espérais de toutes mes forces me tromper.

    J’inspectais Fly du regard, la regardais de la tête aux pattes… et jusqu’à sa queue. Une seule queue ? J’avalais ma salive et me dis que j’avais peut-être raison, malgré mes espérances.

    Une seule et unique queue mauve se séparant en deux, tel un Y, telle ma queue ! Mon… ancienne… queue. Mais c’est quoi ce délire ? Pourquoi avais-je les queues de Fly et elle la mienne ?! Que se passait-il ?

    Je continuais de la regarder de haut en bas, en essayant de me calmer, sans résultats. Plus je la regardais plus je me voyais, du moins par morceaux. Mes oreilles, ma queue et ma couleur.

    Je m’approchais, doucement, et la tournais vers moi. Je vis mon Rubis briller à la faible lumière des lustres. Mais qu’est-ce qui ce passe, à la fin ? C’est un rêve ? On va se réveiller ? Je le voulais tellement.

    Fly plissa les yeux, ce qui me tira de mes pensés et comme moi, quelques minutes plus tôt, se plia en deux. Ce qui me fit penser que la douleur, dans mon corps, s’était tue.

    -Ca va ? lui demandais-je, doucement.

    -Ca a l’air d’aller ? répondit-elle rapidement avec un rictus de douleur.

    -Hum, non, pas vraiment. Surtout, quand tu ouvriras les yeux… hum, ne sois pas surprise. Enfin comment ne pas l’être, en même temps, sifflais-je pour moi même.

    Elle se tordit encore et souffla :

    -De quoi tu parles ?

    -Regarde par toi-même, tu comprendras.

    Elle se tourna quelques fois et après de longues minutes, put enfin ouvrir les yeux. La douleur devait avoir disparue. A ma vue, Fly s’écarta de surprise, rapidement. Déséquilibrée, par le manque de ses queues, elle tomba en arrière sur le sol en marbre.

    -Je t’avais prévenue.

    -Mais… mais…

    -Oui, ça surprend, dis-je avec assurance, pour donner le change.

    Je ne voulais pas lui montrer que j’étais paniquée et apeurée de ce changement, ou transformation, je ne sais pas, même si c’était totalement le cas ! Je ne savais plus tout à fait qui j’étais.

    La Fly devant moi n’étais pas ma Fly, la Fly que j’avais toujours connue. Elle avait des oreilles plus fines et légèrement violacées. Comme les miennes… avant, pensais-je. Mon Rubis incrusté dans son front brillait fort sous les lumières. Le fait qu’il ne soit plus sur le mien me procurait un immense vide. Son corps recouvert d’un léger mauve, me rappelait le mien, en moins musclé et en moins félin. La queue en Y qu’elle n’arrêtait pas de regarder me manquait terriblement.

    Je vis dans ces yeux sombres qu’elle n’y comprenait rien et elle vit dans le mien que moi non plus. Elle comprit que, comme elle, j’étais terrorisée. Nos regard se croisèrent un instant puis elle voulue ajouter une nouvelle conjonction de coordination mais fut coupée par des bruits de pas, venant de la porte de l’estrade. Nous échangeâmes un regard rapide, un léger hochement de tête et nous tournâmes vers celle-ci, sur le qui-vive, les muscles bandés, prêt à se défendre et à attaquer.

    Nous vîmes s’ouvrir la porte placée derrière les trônes richement décorés de pierres précieuses. La porte roula lentement sur ses gonds dans un grincement de tous les diables. Une fois totalement ouverte, un craquement sonore retentit et une patte noire apparut dans le bas de la porte.

    Nous étions assez éloignées mais nous entendîmes une voix étouffée qui donnait des ordres à d’autres être cachés par le mur. Après un claquement de langue et un coup brutal sur le sol, administré par la patte visible, des bruits de pas se firent de nouveaux entendre et disparurent quelques secondes plus tard.

    La patte avança, les trois autres devinrent visible mais restèrent ombre également. Elle ressemblait aux ombres que nous avions déjà affrontées. Un nouveau combat ?

    Soudain l’ombre sauta au plafond et celui-ci se couvrit d’un immense nuage noir et opaque ce qui plongea la salle dans une certaines obscurité, heureusement que les cheminées sont toujours allumées ! L’ombre était maintenant invisible à nos yeux. Après une dizaine de secondes rien ne s’était produit. Je commençais à m’impatienter mais tout à coup un vent frais et violent souffla dans la grande salle, fauchant chaque âtre et nous laissant dans la nuit la plus totale et dans un silence de mort des plus troublants. Un froid intense prit place dans la pièce, j’étais gelée et je frissonnais légèrement.

    Ma vision me permettait quand même de voir à quelques mètres devant moi, une chance, que Fly ne possédait pas. S’il fallait que je nous protège toutes les deux, il fallait que je m’approche d’elle le plus possible. Je savais que nous étions à six pas l’un de l’autre, six pas vers la gauche pour moi. Je commençais mon approche lentement. Le silence ne me rassurait pas, je craignais que l’ombre nous tombe sur le caillou sans un bruit. Nous serions mal.

    Je décidais alors d’accélérer mon approche. Il fallait que j’arrive à Fly avant que des attaques fusent.

    J’atteignais presque Fly quand le plafond s’illumina d’un coup en de grand faisceau jaune clair qui frappèrent le sol dans des bruits de canons. Des petites explosions dans le sombre nuage donnaient quelques secondes de luminosité. Un éclair vint frapper le marbre entre les pattes de Fly et les miennes.  Je reculais vivement et Fly recula également. A la lumière des éclairs et des explosions elle put me rejoindre facilement.

    Peu à peu les éclairs ne frappèrent plus le sol mais se mêlèrent au nuage sombre formant une bouche grimaçante et deux yeux cruels. Le nuage gronda, la grimace hurla de la foudre qui s’abattit partout dans la pièce, sur les murs, dans les âtres, sur les buffets, sur les fleurs, sur les dalles de marbres, sur le lambris, sur l’estrade, sur les deux portes mais pas sur les trônes ornés. « Une chance, ils sont si beau », pensais-je même si ce n’était pas trop le moment.

    Une des lances jaunes frappa Fly à l’épaule et une autre me blessa à ma patte antérieure gauche, ce qui me fit perdre l’équilibre. Je me réceptionnais maladroitement, évitant de justesse la chute.

    La pluie jaune s’arrêta et la bouche commença à bouger, comme si elle voulait parler. Soudain les murs se mirent vibrer, le sol à trembler, un froid glacial s’installa et un vent violent souffla dans la pièce. D’où venait-il ? Pourquoi faisait-il si froid ?

    Quand la bouche s’ouvrit une nouvelle fois elle produisit un son caverneux qui fît naître une boule de vent entre ses dents lumineuses qui nous balaya et nous fîmes rouler quelques mètres en arrières.

    La bouche grognait, criait et hurlait des paroles incompréhensibles. Cela ressemblait pourtant à un langage qui m’était inconnu. Il ne sait pas parler notre langue ? C’est donc si difficile ?

    Tout à coup le tonnerre gronda dans le nuage noir et une forte pluie commença à marteler le sol. J’avais rarement vu de tel déluge dans la nature. Nos corps ruisselaient et le sol devint glissant, dangereusement glissant.

    Pourquoi ne parlait-il donc pas ? Le visage jaune voulait visiblement nous dire quelque chose mais il ne faisait que nous ajouter des cataclysmes.

    Après quelques secondes la face jaune se fendit dans un rictus mauvais et hurla pour la première fois dans notre langue :

    -Toi, qui en ces lieux recherche la vérité sur l’ancienne légende, la divine prophétie, tu devras prouver ta loyauté, ta force et celles de tes convictions.

    Je me retournais vers Fly et tapotais mes griffes sur ma tempe, indiquant qu’il était complètement dérangé. Elle pouffa de rire le plus silencieusement possible. Puis, plus sérieusement je lui chuchotais qu’il se trompait totalement de personne. Elle voulu me répondre mais la face jaune reprit la parole :

    -Comme l’autre prétendant à la vérité, tu devras affronter la nature, braver les éléments et défier l’adversité même. Et alors seulement là te sera dévoiler la vérité sur …

    Il ne put terminer sa phrase, coupé par de puissants bruits de pas venant du couloir. Tout à coup quelque chose frappa derrière le mur, à grand fracas.

    Après deux secondes le mur vola, détruit sous l’impact d’un point sombre. Des morceaux de pierres volaient partout, s’abattait violement sur le marbre qui se brisait sous l’impact des pierres, certaines brisaient les buffets en deux, se perdaient dans le nuage sombres, s’écrasaient dans les âtres, frôlaient les broderies d’or fin et de vermillon, brisaient la table démesurée et fauchaient les si jolis trônes princiers.

    Nous esquivions les pierres qui volaient partout dans la pièce, comme des projectiles fous, et nous cachions derrière ce qu’il restait des buffets, prête à utiliser mon Choc Mental pour éviter de se faire écraser par des pierres plus grosses que nous.

    Après quelques secondes la pluie de pierres s’arrêta et nous constations les dégâts. La pièce avait perdu de sa superbe. Pratiquement chaque meubles, déjà si rares, étaient détruits. Tous sauf les broderies. Dans le nuage noir, la figure jaunâtre s’était tournée vers l’ouverture béante. L’ombre qui avait explosé le mur frappa de plein fouet la face jaune en hurlant :

    -Ferme-là ! Ils ne sont pas là pour ça ! Ce sont les gêneurs du Chef ! Espèce de crétin !

    La face jaune se brisa, se disloqua et finie en poussière sur le sol. Le nuage noir s’évapora, la pluie s’arrêta, le froid disparut, le vent cessa et la petite ombre que nous avions vue tout à l’heure s’effondra du plafond pour tomber sur le sol dur. Celle-ci disparue après un court instant.

    La grande ombre se tourna vers nous et nous braqua de ses yeux rouges et froids. Il ne nous lâchait du regard ne serait-ce qu’une seconde. Puis, tout à coup s’élança sur nous en abattant ses gros poings sur le sol pour nous écraser.

    -Cours !! hurlais-je à plein poumon à Fly, tout en courant.

    Fly était déjà partie en courant. J’étais sur ses talons quand j’entendis ses poings exploser le buffet derrière lequel nous étions.

    -Vite ! La porte, fonce !

    Nous courions à vive allure vers la sortie de la pièce. Les poings martelaient le sol derrière nous, il fallait se dépêcher.

    Nous arrivions à la porte, passions la bouche béante et continuions dans le couloir.

    Nous faillîmes nous retrouver écraser car l’ombre frappa le mur qui s’écroula dans le couloir. De justesse nous prenions le premier embranchement disponible pour continuer notre fuite. Pour que l’ombre puisse mouvoir elle détruisait les couloirs, trop étroits pour elle, ce qui nous laissait un court instant de répit.

     

    Embranchement après embranchement, notre fuite devenait de plus en plus longue. Des pierres volaient partout, s’écrasant par-ci par-là. Les couloirs se faisaient de plus en plus sombre et long ce qui ne nous arrangeait pas. Je tournais la tête à droite et à gauche pour voir où était l’ombre. J’écarquillais les yeux quand je vis l’ombre charger une lumière bleue dans sa bouche. Soudain elle commença à cracher un immense Laser Glace dans le couloir.

    -Tournes-là ! criais-je.

    -Où ça, là ?

    -Là ! hurlais-je en la poussant dans l’embranchement de gauche, qui formait un angle de quatre vingt dix degrés.

    Depuis le nouveau couloir nous vîmes passer un banc de glace, auquel nous avions échappé de justesse. Le couloir derrière nous fut totalement gelé.

    -Allez, cours ! Vite ! dis-je à la vue de l’arrivée de l’ombre.

    Fly ne se fit pas prier et nous partions toutes les deux rapidement dans le couloir. L’ombre s’y infiltra maladroitement en en détruisant une partie.

    Nous courions à en perdre halène mais l’ombre était toujours sur nos talons. Comment un château pouvait-il être aussi grand ? Je m’en étonnais tout en courant du mieux que je pouvais.

    Je levais la tête et vis à la lumière des torches des escaliers au bout du couloir. J’en informais Fly et lui intima de les prendre. Nous dévalions les escaliers en colimaçons quatre à quatre.

    Une fois arrivées en bas nous n’avions pas fait deux pas que l’ombre préféra sauter en l’air et écraser les escaliers plutôt que de les descendre. A quelques secondes près nous aurions pu encore être en train de les dévaler et y passer.

    Je levai les yeux face à moi et vis une immense porte de l’autre côté du couloir.

    -Fonce et prend la porte en face ! lâchais-je à Fly.

    Elle acquiesça et fonça de plus belle. Je l’imitais.

    Soudain tout ce passa très vite. Ma tête se mit à bourdonner, des papillons dansèrent dans mon ventre, ma vue se brouilla, les murs devinrent de grandes vagues et le sol se déroba sous moi.

    « Pas maintenant ! » pensais-je avant que le noir ne m’avale…

     

     

     

    [A part : Oui avant d’écrire ce présent chapitre nous avons englouti une bonne bouteille… mais bon ça donne plus de fantaisie à l’histoire ! Non, évidemment nous rigolons. Nos esprits sont peut-être bizarre… bizarre, vous avez dit bizarre ?]


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique